City of Hope

Réalisation : John Sayles

Scénario : John Sayles

Directeur de la Photographie : Robert Richardson

Montage : John Sayles

Musique : Mason Daring

Chef Décorateur : Dan Bishop, Dianna Freas

Direction Artistique : Chas Plummer

Production : Sarah Green, Maggie Renzi, John Sloss, Jo Throckmorton, Harold Welb

Pays : USA

Durée : 2h09

Sortie Française le 4 novembre 1992

Acteurs Principaux : Vincent Spano, Tony Lo Bianco, Chris Cooper, Angela Bassett, Joe Morton, David Strathairn, Charlie Yanko, Gina Gershon, Todd Graff, Scott Tiler, John Sayles

Genre : Drame urbain

Note : 8,5/10

Lorsqu’on en vient à parler de John Sayles, il est difficile de faire l’impasse sur City of Hope. Peut-être est-ce parceque c’est le film qui a fait connaître le réalisateur dans nos contrées. De par leur réussite formelle, Matewan et Eight Men Out avaient de quoi sortir sur nos écrans, mais leur contexte trop spécifique et américano-américain a du jouer en leur défaveur. Pourquoi demander aux français des années 80 de s’intéresser au base-ball ou à la montée du syndicalisme aux Etats-Unis dans les années 20 ? Malgré sa forme plus libre, City of Hope est un film plus universel et inscrit dans son époque. John Sayles reste dans l’évocation d’un microcosme à travers la somme des rapports des individus qui le constituent. Mais après avoir passé l’échelle d’un quartier (le Harlem vu à travers les yeux de l’alien de Brother) ou d’une petite ville minière des Etats-Unis (Matewan), il s’attaque désormais à la ville américaine, dont le potentiel d’interactions est quasiment illimité. Cela lui permet de porter à son paroxysme sa méthode, par la multiplication du nombre de rôles parlants importants et une nécessité de repenser sa forme pour tous les intégrer tout en conservant le même degré d’immersion. Cela lui donne aussi une belle occasion de réunir sa famille cinématographique, le casting du film étant un kaléidoscope de ceux qui l’ont suivi la décennie précédente – et le suivront encore par la suite : sa coproductrice Maggie Renzi, David Strathairn, Joe Morton, Chris Cooper, Angela Bassett, Vincent Spano, Kevin Tighe, Jace Alexander, Michael Mantell et bien d’autres – John Sayles l’acteur compris- se partagent la vedette. City of Hope est bien un tournant dans la carrière de John Sayles – le réalisateur, qui ne va pas le détourner des genres, mais lui donner plus de liberté dans la façon de monter et réaliser ses films.

Le passage d’une storyline à l’autre se formalise souvent par les croisements de chacun et les intrigues s’entremêlent dans une fluidité tellement naturelle qu’elle n’a pu qu’être savamment calculée. Cette description d’un lieu comme l’ensemble des électrons qui le composent vont beaucoup influencer le paysage sériel autant que les films qui suivront. Ils annoncent à la fois les déambulations sous adrénaline d’Urgences dans les couloirs du Cook County et les descriptions de Baltimore (The Wire), de la Nouvelle-Orléans (Treme) et de la 42ème rue des années 70 et 80 (The Deuce) que David Simon et ses complices nous offriront bien plus tard. Dans cette instantané sur quelques jours, vont défiler politiciens, policiers, chômeurs, travailleurs, célibataires, Italiens, noirs, hispaniques, enfants (etc…). C’est la foule d’anti-héros qui composent le paysage urbain des Etats-Unis du début des années 90. Leurs différences pourraient occuper une liste de plusieurs pages, leur point commun est l’espace qu’ils doivent partager malgré tout, ce qui rend la plupart du temps toute communication difficile, voire impossible, et le conflit une sorte de réponse instinctive. Le réalisateur/scénariste/monteur met bien en évidence ces replis communautaires, générationnels et sociaux et l’incapacité, autant que l’absence de volonté de les dépasser. La diffusion de la rétrospective de John Sayles à la Cinémathèque concorde étrangement avec le trentième anniversaire du film, sorti aux Etats-Unis le 11 octobre 1991. C’est l’occasion de constater qu’en trente ans, cette ville américaine n’a non seulement pas su résoudre ses divisions, mais qu’elle est parvenu à largement les exporter partout dans le monde. Le réalisateur conclut pourtant sur une note d’espoir, comme l’indique le titre. Le système dans sa globalité a peu de chance d’évoluer et la meilleure volonté n’empêchera pas de s’y perdre, mais il y’a parfois des moments uniques, des rapports humains réels qui se nouent et qui aident à espérer des lendemains meilleurs. Au-delà de ses prouesses, City of Hope est toujours un film puissant en 2021.

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